Publié par le Centre Innovation Bien-Être Numérique Québec (CIBNQ)
Catégorie : Familles et adolescents — juin 2025
😶 Quand “regarder” devient plus dangereux que “participer”
Les adolescents d’aujourd’hui passent plus de temps que jamais sur les réseaux sociaux. Mais toutes les heures passées en ligne ne se valent pas.
Une étude récente de l’Université Western Ontario (2025) démontre que c’est l’usage passif — faire défiler, observer, comparer — qui a les effets les plus néfastes sur la santé mentale.
Les chercheurs ont suivi 580 adolescents de 12 à 17 ans pendant neuf mois. Résultat :
- ceux qui passaient plus de 3 heures par jour en “scrolling passif” présentaient 2,4 fois plus de symptômes anxieux ;
- et 4,1 fois plus de signes d’isolement social que ceux qui utilisaient les plateformes pour communiquer ou créer.
👉 Source : Western University. (2025). “Passive Scrolling and Adolescent Anxiety: A Longitudinal Study.” Department of Psychology.
🧠 Les effets neurologiques : la comparaison sociale comme déclencheur
Le cerveau adolescent est en pleine transformation. Les circuits de récompense (dopamine) et d’appartenance sociale sont particulièrement sensibles.
Une publication dans Frontiers in Psychology (2024) a montré que les interactions en ligne centrées sur la comparaison (likes, photos, influenceurs) activent les mêmes zones que celles associées au stress social.
👉 Source : Frontiers in Psychology. (2024). “Social Media Comparison and the Adolescent Brain.” DOI: 10.3389/fpsyg.2024.01702.
Cette activation répétée entraîne une forme de fatigue émotionnelle numérique : les jeunes se sentent “connectés à tout le monde, mais soutenus par personne”.
💬 « Ce n’est pas le nombre d’heures d’écran qui détruit la santé mentale, mais la qualité de ces heures. »
— Dre Samantha Price, neuropsychologue, Western University, 2025.
📉 Ce que dit l’Organisation mondiale de la santé
Selon le rapport européen de l’OMS (2024), environ 11 % des adolescents présentent des symptômes de dépendance aux médias sociaux.
Cette dépendance est associée à une diminution de l’estime de soi, du sommeil et du bien-être général, surtout chez les filles de 13 à 16 ans.
👉 Source : World Health Organization (Europe). (2024). “Teens, Screens and Mental Health.” who.int/europe
Au Canada, Statistique Canada (2023) a observé que les jeunes qui passent plus de 4 heures par jour sur les réseaux présentent 54 % plus de symptômes dépressifs que ceux limitant leur utilisation à moins d’une heure.
👉 Source : Statistique Canada. (2023). “Digital Media Use and Adolescent Mental Health.” Canadian Health Survey on Children and Youth.
💤 Un impact réel sur le sommeil et la concentration
L’usage passif des réseaux n’affecte pas seulement le moral : il perturbe aussi le rythme circadien.
Une étude menée par l’Université McGill (2024) a révélé que l’exposition à la lumière bleue après 21 h retarde l’endormissement d’environ 45 minutes chez les adolescents, tout en réduisant la phase de sommeil profond.
👉 Source : Université McGill. (2024). “Screen Light Exposure and Sleep Quality in Teenagers.” Sleep Research Journal.
La privation chronique de sommeil entraîne à son tour :
- une baisse de la concentration en classe ;
- une plus grande irritabilité ;
- et une réduction de la motivation scolaire.
💬 Ce que disent les jeunes eux-mêmes
Le Baromètre canadien du bien-être numérique (2025), mené auprès de 2 800 adolescents, montre un paradoxe :
- 72 % disent se sentir “mal” après avoir passé trop de temps sur les réseaux ;
- mais 67 % avouent ne pas savoir comment réduire leur temps d’écran sans “perdre le contact” avec leurs amis.
👉 Source : Baromètre canadien du bien-être numérique. (2025). Université de Montréal et CIBNQ (partenaire de terrain).
Ces chiffres soulignent le besoin d’une éducation émotionnelle numérique dès le secondaire : apprendre à reconnaître quand l’écran nourrit, et quand il vide.
🌿 Les pistes de bien-être numérique proposées par le CIBNQ
- Favoriser l’usage “actif” des écrans
→ Créer, partager, discuter : un adolescent qui produit du contenu positif développe un sentiment de compétence. - Instaurer des “zones sans écran” à la maison
→ Pas de téléphone à table ni dans la chambre après 21 h. - Encourager des activités hors ligne
→ Sport, musique, projets créatifs : ils réactivent la dopamine naturelle du plaisir réel. - Dialoguer plutôt que contrôler
→ Les études (UQAM, 2023) montrent qu’un climat parental bienveillant est plus efficace que la surveillance. - Inclure les jeunes dans la réflexion
→ Leur demander de co-concevoir des règles familiales de connexion : cela renforce la responsabilité.
🔐 Le rôle du programme “Adolescent connecté : accompagner sans contrôler”
Ce programme du CIBNQ aide les parents et les écoles à comprendre les mécanismes d’addiction numérique et à soutenir les jeunes dans une approche de bien-être numérique équilibré.
Des ateliers sont déjà offerts dans les écoles et maisons de jeunes partenaires, incluant :
- Identifier les signes de fatigue numérique ;
- Distinguer usage actif vs passif ;
- Renforcer la santé mentale et la créativité numérique.
📚 Références
- Western University. (2025). Passive Scrolling and Adolescent Anxiety: A Longitudinal Study. Department of Psychology.
- Frontiers in Psychology. (2024). Social Media Comparison and the Adolescent Brain. DOI: 10.3389/fpsyg.2024.01702.
- World Health Organization. (2024). Teens, Screens and Mental Health. Regional Office for Europe.
- Statistique Canada. (2023). Digital Media Use and Adolescent Mental Health. Canadian Health Survey on Children and Youth.
- Université McGill. (2024). Screen Light Exposure and Sleep Quality in Teenagers. Sleep Research Journal.
- Université de Montréal & CIBNQ. (2025). Baromètre canadien du bien-être numérique.

