Publié par le Centre Innovation Bien-Être Numérique Québec (CIBNQ)
Catégorie : Familles et adolescents — octobre 2025
🤳 Un miroir déformant à portée de main
« Je me sens moche quand je scrolle sur Instagram ».
« Je me compare tout le temps à ceux qui ont plus d’abonnés ».
Ces phrases reviennent de plus en plus souvent dans les discussions avec les jeunes.
Les réseaux sociaux — et particulièrement TikTok, Instagram et Snapchat — sont devenus des espaces où l’identité se construit, mais aussi où l’estime de soi se fragilise.
Selon Statistique Canada (2024), 79 % des adolescents québécois de 12 à 17 ans utilisent TikTok quotidiennement, et 67 % déclarent se comparer à d’autres en ligne.
👉 Source : Statistique Canada. (2024). Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes – Comportements numériques des adolescents.
đź§ Ce que font vraiment les algorithmes
Les algorithmes des plateformes ne sont pas neutres : ils sélectionnent et amplifient les contenus les plus engageants, souvent ceux qui génèrent des émotions fortes — admiration, envie, frustration.
Une recherche menée par l’Université de Montréal (2024) sur 2 400 adolescents a montré que :
- plus un adolescent est exposé à des images “idéales” de corps ou de vie parfaite,
- plus son niveau d’insatisfaction corporelle augmente (corrélation de 0,63, p < 0,001).
👉 Source : Université de Montréal. (2024). “Influence des algorithmes de recommandation sur l’estime corporelle des jeunes.” Département de psychologie.
Les chercheurs soulignent que le fil personnalisé de TikTok ou d’Instagram devient une véritable “bulle algorithmique”, enfermant l’utilisateur dans un monde où la beauté, la minceur et la performance semblent être la norme.
💔 Les conséquences psychologiques observées
Les effets de ces comparaisons constantes sont documentés par plusieurs études :
- Une méta-analyse de Frontiers in Psychology (2023) conclut que l’usage intensif d’Instagram est associé à une hausse de 32 % des symptômes dépressifs chez les jeunes filles de 13 à 17 ans.
- L’Université Harvard (2024) a observé que les adolescents qui consultent TikTok plus de 3 heures par jour présentent 1,8 fois plus de troubles de l’image corporelle que les utilisateurs modérés.
👉 Sources :
Frontiers in Psychology. (2023). “Social Media and Body Image Dissatisfaction in Adolescents.” DOI: 10.3389/fpsyg.2023.01122.
Harvard School of Public Health. (2024). “Adolescent Exposure to Social Media and Mental Health Outcomes.”
Les garçons sont aussi touchés : les contenus sur la “masculinité performante” (musculation, réussite matérielle) renforcent l’anxiété de performance et la peur de ne pas être “assez viril”.
📉 Le rôle du “like” dans la chimie du cerveau
Une étude de l’Université McGill (2024) en neurosciences sociales a démontré que chaque “like” reçu active une décharge de dopamine comparable à celle d’une petite récompense.
Mais l’absence de “like” active les zones du rejet social dans le cortex cingulaire.
👉 Source : Université McGill. (2024). “Neural Reward Circuits and Social Media Feedback in Adolescents.” Journal of Adolescent Brain Development.
Cette alternance entre plaisir et frustration rend les adolescents hautement sensibles à la validation numérique — un mécanisme que les plateformes utilisent pour les garder connectés.
đź’¬ Ce que disent les jeunes eux-mĂŞmes
Le Baromètre québécois du bien-être numérique (CIBNQ, 2025) a révélé que :
- 61 % des adolescents interrogés ressentent une baisse d’estime après une session prolongée sur TikTok ;
- mais 54 % affirment que certaines vidéos les inspirent ou les aident à s’accepter.
👉 Source : CIBNQ & Université de Montréal. (2025). “Baromètre québécois du bien-être numérique des jeunes.”
Cette ambivalence montre que les réseaux ne sont pas uniquement nocifs : ils peuvent aussi devenir des espaces d’expression et de créativité, à condition d’en comprendre les codes.
đź’ˇ Les conseils du CIBNQ pour parents et ados
- Parler des algorithmes.
→ Expliquer aux jeunes que le fil d’actualité est un miroir construit, pas une réalité. - Encourager l’esprit critique.
→ Identifier les contenus retouchés, sponsorisés ou exagérés. - Créer du contenu plutôt que consommer passivement.
→ La création artistique ou humoristique renforce l’estime de soi. - Varier les sources.
→ Suivre des comptes positifs (science, nature, sport, art) pour briser la bulle algorithmique. - Établir des moments “hors connexion”.
→ Aucun téléphone à table ni au lit ; privilégier des moments de discussion ou d’activité réelle.
💬 “L’adolescent ne doit pas être débranché du numérique, mais reconnecté à lui-même.”
— Akila Yahiaoui, fondatrice du CIBNQ.
🌿 Le rôle du CIBNQ : éduquer pour libérer
Le Centre Innovation Bien-Être Numérique Québec agit dans les écoles et les familles à travers son programme “Adolescent connecté : accompagner sans contrôler”.
Ce programme aide les jeunes Ă :
- comprendre l’impact psychologique des algorithmes ;
- reconstruire une estime de soi ancrée dans le réel ;
- et développer des stratégies de bien-être numérique (sommeil, créativité, équilibre social).
Des ateliers interactifs et des capsules vidéo du CIBNQ sont disponibles pour les enseignants, parents et adolescents sur cibnq.org.
📚 Références
- Statistique Canada. (2024). Enquête canadienne sur la santé des enfants et des jeunes – Comportements numériques des adolescents.
- Université de Montréal. (2024). Influence des algorithmes de recommandation sur l’estime corporelle des jeunes. Département de psychologie.
- Frontiers in Psychology. (2023). Social Media and Body Image Dissatisfaction in Adolescents. DOI: 10.3389/fpsyg.2023.01122.
- Harvard School of Public Health. (2024). Adolescent Exposure to Social Media and Mental Health Outcomes.
- Université McGill. (2024). Neural Reward Circuits and Social Media Feedback in Adolescents. Journal of Adolescent Brain Development.
- CIBNQ & Université de Montréal. (2025). Baromètre québécois du bien-être numérique des jeunes.

